CYCLES
MAI / JUIN 2019
INSECTES
INSECTES – « Aujourd’hui je ne sais plus si je suis un homme qui rêve qu’il est un papillon, ou un papillon qui rêve qu’il est un homme » (Tchouang-Tseu, IVe siècle avant JC). Il est vrai que notre immémorial côtoiement des insectes a inspiré bien des types de relations, de la métamorphose à la tentation de l’éradication. Champions du paradoxe, ces êtres vivants symbolisent l’ultime altérité. Ils seraient repoussants, propagateurs de maladies, prêts à nous supplanter sur Terre. Dans le même temps, leurs bourdonnements et crissements contribuent à l’esprit des lieux, tandis que l’infinie variété de leurs couleurs et de leurs formes fascine. Les insectes nous sont indispensables pour cette expression vertigineuse de la diversité (on estime qu’il en existe entre 5 et 80 millions d’espèces dont un peu plus d’1 million seulement est décrit !), tout autant que pour leur rôle « utile » de pollinisateurs. Alors qu’ils disparaissent à un rythme effréné, les insectes requièrent notre attention. Le cinéma est un dispositif propice pour inventorier et questionner nos liens avec eux. Face aux écrans et dans la lumière des projecteurs, nous nous agglutinons et ne savons plus si nous sommes des mouches à deux doigts de se consumer ou des lucioles prêtes à éclairer nos temps obscurs.