Ce printemps, avant de prendre la poudre d’escampette estivale pour échapper à la grisaille et aux travaux du tram, le Cercle vous propose une sélection (comme toujours) bien équilibrée et remplie de contrastes autour du thème de la fuite.  Traduit en action, s’agit-il de fuir ou de s’enfuir ? La nuance est fine comme un papier à cigarette… Si « s’enfuir » est issu d’un sentiment personnel, « fuir » nécessite quelque chose dont on veut s’écarter, un élément d’adversité. Le cinéma, par ses moyens, permet aux deux sens de coexister. Dans « Seven Chances » Buster Keaton fuit autant les femmes qui lui courent après que l’envie qu’il a de céder à la tentation ; dans « Un condamné à mort s’est échappé », les tentatives d’évasion physique se doublent d’un devoir moral et spirituel de lutter pour la liberté. Que ce soit à cause d’un tueur que le héros a lui-même lancé à ses trousses (Kaurismäki, « J’ai engagé un tueur ») dans le cadre d’une traque (la pépite du cinéma coréen : « The Chaser »), via l’art de la fugue adolescente chez Doillon (« Petits frères »), suite à un exil forcé dans le film afghan « Midnight traveler », on s’échappe toujours en laissant une partie de soi-même en arrière, préalable pour laisser émerger de nouvelles choses. C’est dans cet esprit printanier et bourgeonnant que nos choix de films, conférence et écoute radio, invitent à s’enfuir pour mieux se (re)trouver !