Cafés bruns aux boiseries bienfaisantes, saturés de bières épaisses et de tabacs hollandais, troquets aigres aux comptoirs d’étain, cafés brillants des grands boulevards où les voix des buveurs étincellent sur les glaces et les ors qui ruissellent aux murs, bars à néons et formica, maquis, tavernes, brasseries, il en est de toutes sortes, et ils servent un peu à tout et à tout le monde. Dans le bruit des bocks et le tintement des soucoupes, on s’y trouve, on s’y retrouve, on s’y quitte, on s’y croise, on s’y perd. On y tombe amoureux ou on y lit en silence, on s’y déchire, on y célèbre l’amitié, on en oublie les trahisons, on y joue aux cartes ou au flipper, on se gorge de chaleur humaine ou de chaleur tout court, on y boit jusqu’à plus soif en criant son dégoût du monde et son amour du prochain. On s’y abrite des relations trop pesantes du dehors pour y communier dans de sincères et furtives camaraderies. On s’y épanche, on s’y confesse, on s’y conseille, on s’y serre un peu les coudes, on y intrigue contre la reine, contre le roi ou contre son voisin. Tout y passe. Théâtres de l’humanité joyeuse et souffrante, temples du salut et de la perdition, les bistrots sont tout à la fois des refuges, des antres, des foires, des carrousels. Autant de visages, autant de vertus qui nous ont donné envie de vous inviter, deux mois durant, à en pousser les portes…