CYCLES
MAI / JUIN 2022
EN FRICHE
Du Vice de Forme à la Friche en passant par la Contrebande il n’y a qu’un pas. Aussi appelée terrain vague pour nommer son caractère incertain ou tenter d’encadrer ses multiples usages, cette « terre de rien », wasteland, woestenij, ödland, (Yellow Sky)… comme on le dit dans d’autres langues, est souvent remisée en lieu dépotoir (Idiocracy), mais elle peut devenir un terrain d’aventure (Le chantier des gosses), un espace qui met en perspective des temporalités variées (Ce vieux rêve qui bouge, H-H, Chats errants). Entre différentes appropriations – les usages timides, bucoliques, respectueux, et les volontés d’éradiquer un passé, pour fantasmer un « futur meilleur » –, il y a souvent conflit. Mais tant qu’une terre est en friche, nous pouvons nous aussi nous mettre en friche. Chacun peut imaginer et fabriquer de multiples possibles, indispensables pour sortir des grilles urbanistiques, d’us et coutumes établis. Dans ce « vague », nous pouvons devenir infinis, dans le sens de « non finito » (terme utilisé dans l’art pour désigner des œuvres inachevées). Et de la sorte, créer une brèche dans notre paysage, notre corpus imaginaire, pour laisser entrer une lumière qui réveille parfois les mythes qui sont en nous (Accatone).